(Array|find{103}|oui)

2ème numéro de la revue ERRABITA : l’urgence qui dure !

Un état d’urgence est une « réaction juridique temporaire, généralement constituée par une déclaration gouvernementale, faite en réponse à une situation grave et exceptionnelle posant une menace fondamentale à la nation ».

Cette définition s’applique-t-elle à la situation en Algérie ?
Est il crédible de considérer que dix sept années d’état d’urgence relèvent du temporaire ? Pouvons-nous croire un instant qu’après quatre scrutins présidentiels, trois législatives et deux référendums, la nation algérienne soit en danger ?
L’Algérie de 2009 connaît-elle une situation grave et exceptionnelle qui nécessite que la société renonce à un fonctionnement normal ?

Pour l’ensemble des mécanismes onusiens de protection des droits de l’Homme, la réponse est non.

Or, l’état d’urgence instauré le 9 février 1992 est toujours en vigueur et constitue le cadre répressif à l’exercice des libertés publiques en Algérie. Une telle situation d’exception qui dure et perdure en se normalisant de jour en jour dans la conscience collective des algériens, vise non pas à lutter efficacement contre le terrorisme, qui est paradoxalement considéré comme vaincu par les tenant même de ce discours, mais permet plutôt à l’Etat de transcender la société en dépolitisant la société civile et en monopolisant l’action et la décision politiques. Une telle stratégie se fait forcément au détriment des droits fondamentaux du citoyen. Les disparitions forcées, la torture et les exécutions extrajudiciaires portent le sceau de l’état d’urgence.

La levée de l’état d’urgence est une revendication constante de la LADDH qui milite sans relâche sur le plan national et international pour sa concrétisation. Mais aujourd’hui, nous devons faire en sorte qu’elle devienne la revendication de toute la société. Aussi il est de la responsabilité des militants des droits de l’Homme, des politiques, des médias et des intellectuels de porter la revendication de la levée de l’Etat d’urgence et de poser le vrai débat autour des véritables enjeux qui dépendent de cet état de fait et qui sont : la libération du champ politique et médiatique, seuls chemins vers l’instauration d’un Etat de droit capable de préserver les droits et la dignité de ses citoyens.

Le Président
Bouchachi Mostefa