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DES JURISTES RÉAGISSENT À L’INTERPELLATION DE L’ONU : “C’est un rappel des engagements internationaux de l’Algérie”

Des défenseurs des droits de l’Homme ont accueilli favorablement les remontrances adressées par l’ONU aux autorités algériennes quant à la question des atteintes aux droits de l’Homme dans notre pays. Ils y voient un pas positif à même d’amener au respect des droits humains en Algérie. Habitué à des réactions épidémiques lorsqu’il s’agit de répondre à des remarques d’organismes internationaux, le pouvoir algérien n’a, en revanche, pas encore commenté le reproche du Haut-Commissariat des Nations unies. Pour Nouredine Benissad, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (Laddh), le rapport onusien ne fait que dire “la vérité” sur la situation des droits humains dans notre pays.

Mais pour le juriste, ce n’est pas du rapport qu’il faut “s’offusquer” mais des “violations quotidiennes” des droits de l’Homme dans le pays, rappelle Nouredine Benissad. Ce constat est partagé par Boudjemâa Guechir. L’avocat et ancien président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme (Ladh) pense, lui aussi, que ce rappel à l’ordre de l’Organisation onusienne est susceptible de “ramener à la raison” les autorités algériennes. Car, “la situation des droits de l’Homme est catastrophique” dans le pays. “Il est vrai que dans les textes, tous les droits sont respectés, rappelle l’avocat. Mais sur le terrain, c’est exactement le contraire qui se produit.

Une situation que tout le monde dénonce depuis longtemps.” Il pense que cette interpellation peut “pousser le pouvoir à lâcher du lest”. Une prédiction que partage relativement Abdelghani Badi, avocat et figure de proue de mouvement populaire. Tout comme Nouredine Benissad, il pense que le “document n’est qu’un rappel des engagements internationaux de l’Algérie”. Parce qu’en signant des conventions internationales, le pays s’engage “à respecter les droits fondamentaux”, affirme Badi. Or, les autorités algériennes ont péché par “des interpellations, arrestations” et autres violations des droits de l’Homme.

Pour Abdelghani Badi, ce qui pose plus problème aux autorités algériennes, c’est le fait que ces règles rappelées par le Haut-Commissariat des droits de l’Homme de l’ONU sont des “règles de base”, des “règles élémentaires” sur lesquelles on “n’interpelle plus les États”. Avec cette nouvelle donne, “l’image de l’Algérie est ternie”, se désole Badi. “L’image des Algériens, ajoute-t-il, est également écornée, puisque désormais, le monde nous regardera comme un peuple vivant sous une dictature qui ne respecte même pas les règles élémentaires de la démocratie.” Malgré son caractère ferme, le document de l’organisation onusienne n’est pas “contraignant”.

En revanche, les défenseurs des droits de l’Homme gardent espoir que cela puisse pousser les autorités algériennes à “faire attention” à leur manière de gérer les manifestations. Plus que cela, l’avocat garde espoir que les juges puissent appliquer un nouvel article contenu dans la nouvelle version de la Constitution qui leur donne le droit d’appliquer directement un article du droit international. De cette façon, l’accusation d’“attroupement” deviendra “droit de manifester” comme cela est stipulé par le chapitre lié aux droits civiques et politiques de la Charte des droits de l’Homme des Nations unies.

Ali Boukhlef

Liberté 07 mars 2021