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Le journaliste algérien Khaled Drareni condamné à trois ans de prison ferme

Il est accusé d’« atteinte à l’intégrité du territoire national » après avoir couvert, le 7 mars à Alger, une manifestation du Hirak, un soulèvement populaire qui a secoué l’Algérie pendant plus d’un an.

Le Monde avec AFP

Le journaliste algérien Khaled Drareni, en détention provisoire depuis la fin mars, a été condamné lundi 10 août à trois ans de prison ferme, a annoncé Me Noureddine Benissad, un avocat de son collectif de défense. « C’est un verdict très lourd pour Khaled Drareni. (…) On est surpris. Le dossier est vide », a déclaré l’avocat, aussi président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH).

Plusieurs ONG de défense des droits humains et de la liberté de la presse, algériennes et internationales avaient exhorté ces derniers mois les autorités à libérer Khaled Drareni et à mettre fin au « harcèlement ciblé des médias indépendants ». Ce verdict, lourd, sonne donc comme une « persécution judiciaire », a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF) lundi midi.

Agé de 40 ans, M. Drareni dirige le site d’information en ligne Casbah Tribune et travaille comme correspondant en Algérie de la chaîne de télévision française TV5 Monde et de RSF. Il est accusé d’« incitation à un attroupement non armé » et d’« atteinte à l’intégrité du territoire national » après avoir couvert, le 7 mars à Alger, une manifestation du Hirak, le soulèvement populaire qui a secoué l’Algérie pendant plus d’un an jusqu’à sa suspension il y a quelques mois en raison de l’épidémie de Covid-19.

M. Drareni était jugé en compagnie de deux figures du Hirak, Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche. Egalement arrêtés le 7 mars à Alger, ils ont quant à eux été condamnés chacun à deux ans de prison, dont quatre mois ferme.

Plusieurs journalistes arrêtés et condamnés
La justice algérienne multiplie les poursuites judiciaires et les condamnations de militants du Hirak, d’opposants politiques, de journalistes et de blogueurs. La semaine dernière, le journaliste Moncef Aït Kaci, ex-correspondant de France 24, et le cameraman Ramdane Rahmouni ont été arrêtés et placés en détention préventive pendant vingt-quatre heures, avant d’être libérés devant le tollé général.

Plusieurs journalistes algériens sont en prison et des procès sont en cours. Abdelkrim Zeghileche, militant pro-Hirak et directeur d’une radio algérienne diffusée sur Internet, Sarbacane, a été de nouveau incarcéré le 24 juin à Constantine. Un autre journaliste proche du Hirak, Ali Djamel Toubal, correspondant du groupe de médias privé Ennahar, a été condamné le 14 juillet à quinze mois de prison ferme par la cour d’appel de Mascara, notamment pour avoir diffusé des images montrant des policiers malmenant des manifestants antirégime. Egalement derrière les barreaux, Belkacem Djir, journaliste de la chaîne privée Echourouk News, a écopé le 28 juin d’une peine de trois ans de prison dans une affaire de droit commun liée à son travail d’investigation.

L’Algérie figure à la 146e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF. Elle a dégringolé de 27 places par rapport à 2015.