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Situation alarmante des détenus en grève de la faim à la prison d’El Harrach.

La Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) exprime sa vive inquiétude à l’égard du sort de 23 détenus d’opinion en grève de la faim depuis le 6 avril à la prison d’El Harrach (Alger) dont l’état de santé se dégrade.

Les grévistes de la faim sont des jeunes manifestants arrêtés lors d’une marche pacifique du Hirak le samedi 3 avril 2021 à Alger. Ils ont été placés en détention provisoire le 5 avril 2021 par le juge d’instruction près le tribunal de Sidi M’Hamed et sont poursuivis pour “incitation à attroupement non armée”, ” attroupement non armée”, “atteinte à l’unité nationale” et “outrage à corps constitué”.

Des accusations devenues routinières depuis le début du mouvement populaire et pacifique, le 22 février 2019 qui ont touché des dizaines de citoyens. Comme ceux qui les ont précédés, les jeunes grévistes de la faim contestent dans la forme et sur le fond les accusations portées contre eux. Ils considèrent, à juste titre, qu’ils sont victimes de l’arbitraire alors qu’ils n’ont fait qu’exercer leur droit de s’exprimer et de manifester expressément reconnu par la Constitution.

La LADDH est d’autant plus préoccupée que les cas tragiques du journaliste Mohamed Tamalt et du Docteur Kamel-Eddine Fekhar, morts en détention, sont encore dans le souvenir des Algériens comme des exemples des conséquences dramatiques de l’arbitraire et de l’absence de respect pour la vie humaine.

La LADDH appelle, une fois de plus et avec la plus grande insistance, à la libération immédiate des détenus en grève de la faim ainsi que tous les autres détenus arrêtés dans le cadre du Hirak.

Elle rappelle que la liberté de manifester pacifiquement est consacrée par la Constitution algérienne et le Pacte des droits civils et politiques ratifié par l’Etat algérien. La criminalisation du droit à manifester est une atteinte flagrante du droit et à la morale.

La LADDH souligne que l’Etat est pleinement responsable de la santé des personnes détenues et qu’il a l’obligation de veiller à ce qu’elle soit préservée.

Une fois de plus, la LADDH considère que le traitement sécuritaire des revendications politiques et citoyennes n’a jamais été une solution et qu’il ne fait qu’exacerber les tensions. C’est, et le pays l’a expérimenté à ses dépens, une voie porteuse de malheurs qui place l’Etat algérien en contradiction avec ses engagements internationaux.

La LADDH exprime sa pleine solidarité aux détenus d’opinions. Leur volonté d’exercer leurs droits de citoyens n’est pas un crime.

Alger le 15 avril 2021

Les 23 détenus sont : Abdelhak Ben Rahmani dit Merouane, Talhi Saïd dit Zinou, Slimane Hocine, Abdelli Zouhir Abdeldjalil, Ahmed Betrouni, Walid Oudjit, Agoumadz Bachir, Menkhel Mohamed Lamine, Salah Abdelhakim, Malek Abdelhalim, Adel Bensaada, Ahmed Ouakli, Omar Lerari, Lotfi Bouguerra, Benameur Belkacem Rachid, Ali Senouci, Fatehi Diyaoui, Ahmed Lakhdari, Lounes Boutankikt, Zakaria Metidji, Taazibt Abdelkayoum, Aimad Guendoul et Mohamed Selmane.