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Un guide de leurs droits élaboré par la LADDH et médecins du monde : Près de 30 000 migrants en situation irrégulière en Algérie

Alors qu’elle était, jusqu’à un passé assez récent, un pays de transit, l’Algérie, en raison sans doute des mesures draconiennes imposées par l’UE et aussi de l’amélioration de la situation économique, est devenue un port d’attache pour des milliers de migrants en provenance de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Ouest. Ils sont environ 30 000 aujourd’hui à vivoter en Algérie, dans des conditions souvent précaires, aux lendemains incertains. Dans un souci de les sensibiliser à leurs droits, la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (Laddh), avec le concours de Médecins du monde, a élaboré le guide des droits des migrants.

En format de poche, ce guide vise à leur donner des conseils pratiques et à les aider pour accéder aux droits — qu’ils ignorent souvent dans bien des cas — que peut leur accorder l’Algérie. “C’est pour essayer d’atténuer le déficit ressenti en matière d’accès aux droits de l’Homme et de favoriser cet accès aux migrants se trouvant en Algérie que ce guide voit le jour. Il s’agit d’exposer d’une façon simple les droits des migrants qu’offre la loi algérienne.

Il s’agit de droits qui concernent les individus au-delà de leur nationalité ou de leur origine”, ont expliqué hier, lors d’une conférence de presse à Alger, des membres de la Laddh et la coordinatrice générale, mission Algérie, de Médecins du monde, Mme Charlotte de Bussy. “Ce guide, qui décortique les règles et les procédures à observer par les migrants pour accéder au séjour, au travail, aux soins, aux documents d’état civil et à l’éducation, tâchera aussi de donner des conseils pratiques pour permettre l’accès à ces droits en prenant en considération la réalité du terrain et certaines pratiques subies par les migrants.”

Cette idée est née du constat du terrain fait par Médecins du monde et de nombreuses associations sur “l’insuffisance de compréhension” et “d’assimilation” par les migrants et autres intervenants des droits de migrants. “L’expérience de terrain de ces dernières années, menée par Médecins du monde et d’autres associations qui travaillent auprès et avec la population migrante en Algérie, a montré qu’il y a une insuffisance de compréhension et d’assimilation de la part des migrants, mais aussi d’autres intervenants (médecins, avocats, policiers…) des droits des migrants en Algérie”, ont-il précisé dans la présentation du guide. Selon Mme Charlotte de Bussy, la population de migrants, qui se retrouvent en Algérie, est en général “jeune”.“47% sont des femmes dont 80% avec des enfants”, a-t-elle dit. Comme à l’accoutumée, ce sont les raisons économiques et familiales qui sont à l’origine de cette migration. “80% disent que leur destination n’est pas l’Algérie, mais la moitié est en Algérie depuis 3 ans”, relève-t-elle par ailleurs. Charlotte de Bussy n’a pas manqué aussi de faire état de quelques problèmes rencontrés parfois par les migrants. “On nous a fait état de certaines arrestations dans les hôpitaux”, a-t-elle dit. Des arrestations qui sont, dans bien des cas, le fait des policiers, et non pas de la délation. C’est pourquoi son association s’emploie à orienter ces migrants vers des structures qui peuvent leur assurer des soins en cas de besoin, où ils ne risquent pas d’être arrêtés. D’autant que l’accès aux soins est garanti en Algérie au même titre que les nationaux.

Interrogé sur la difficulté des migrants d’assurer la scolarité à leur progéniture (l’État algérien réclame un document de séjour), Moumène Khellil, membre de la Laddh, a indiqué qu’un travail d’interpellation sera fait en direction des législateurs pour trouver un artifice juridique pour permettre aux enfants des migrants d’aller à l’école. La Laddh et Médecins du monde comptent sur les médias et les relais au sein des migrants pour vulgariser le guide.

par Karim Kebir
Liberté du 22 12 2013