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Couverture de la campagne électorale : La LADDH critique le travail des journalistes

Les médias algériens ne sont pas encore à la pointe de l’exercice démocratique. C’est du moins la conclusion qu’on peut retirer du rapport préliminaire établi par la Ligue algérienne pour la defense des droits de l’Homme (LADDH) sur la couverture médiatique sur une période de 10 jours (du 15 au 20 avril) de la campagne électorale pour les législatives du 10 mai prochain.

Le rapport de la LADDH parle d’absence d’éducation électorale.

La télévision publique algérienne a accordé la part du lion dans sa grille des programmes aux partis politiques au pouvoir excluant ainsi les partisans du boycott du débat, la presse écrite quant, à elle s’est contentée des couvertures d’ordre technique lié aux meetings sans un réel travail d’investigation et de proximité. 64,41% de l’espace est constitué par des comptes rendus et 10,90% revenant aux brèves d’information, selon le rapport.

Les quotidiens El Watan et Liberté quant à eux se sont quand même penchés sur les partisans du boycott avec un pourcentage de 3.35 % contre 0% pour l’ENTV, Ennahar TV et Echourouk TV.

Le rapport a concerné 9 titres de la presse quotidienne nationale (Echourouk, Ennahar, El Watan, El Khabar, Liberté, le Soir d’Algérie, Le Quotidien d’Oran, Echaàb, El Moudjahad), pour les médias lourds, L’ENTV, les deux TV privées Ennahar TV et Echourouk TV, et pour les chaines de radio, la chaine1, la chaine2 et la chaine3.

« La dernière loi sur l’information a entraîné davantage la fermeture du champ audiovisuel », a déclaré Noureddine Benissad en répondant à une question d’un journaliste qui s’est interrogé sur la réalité de l’indépendance des chaînes de télévision algériennes récemment ouvertes et dont le statut juridique n’est pas défini.

Noureddine Benissad fait tout de même rappeler à l’assistance que « la loi sur l’information de 90 était pour l’ouverture de l’audiovisuelle mais elle a été annulée sous prétexte de l’état d’urgence ».

Le président de la LADDH nouvellement élu à la tête de l’organisation a relevé que plusieurs questions techniques ont été également ignorées dans les médias sur la campagne électorale. « Du coup le citoyen n’a pas été éclairé sur la réalité du scrutin ». Il cite entre autres le mode du scrutin concernant la représentativité féminine au parlement.

Le grand absent de la couverture médiatique de la campagne électoral reste le citoyen qui « n’était pas considéré comme un acteur politique », insiste-t-on à l’occasion de la conférence de presse animée au siège de la LADDH ce mardi 8 mai pour rendre public le rapport préliminaire sur le travail des médias.

Le point saillant à retenir dans le rapport établi par la LADDH, c’est l’absence de l’élément féminin dans la couverture médiatique. « La femme n’a occupé qu’un espace de l’ordre de 5,38% alors que les hommes politiques ont occupé un espace de 79,50%, significatif du déni de réalité et de l’occultation du rôle des femmes sur la scène politique »

« Il y a absence de débats contradictoires sur la thématique des programmes politiques et l’utilité des élections », constate un membre de l’organisation International Media Support (IMS) copilote dans l’opération du rapport établi par la LADDH, aux cotés de Arab Working Group for Media Monitoring qui a également secondé la LADDH dans le rapport.

Le rapport final et détaillé sur la couverture médiatique des élections législatives sera rendu public au mois de juin prochain.

Hamida Mechaï
Elwatan 08-05-2012