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Débat sur la migration subsaharienne:Entre sanctions et xénophobie

La dernière vague de migrants nigériens a permis de rendre visible une migration qui jusqu’alors préférait se cacher », affirme Abdelkader Dieffaga, consultant référant migrant pour Caritas Algérie, lors du séminaire sur la migration organisé par le RAJ.

D’autant que, comme le rappelle l’intervenant, l’Algérie est de moins en moins perçue comme un pays de passage, car grâce à son aisance financière relative, « elle est devenue un pôle d’attraction pour une autre catégorie de migrants qui vient s’installer dans le pays ». Comment dans ces conditions, les autorités ont réagi aux flux migratoires ? En dégainant un nouvel instrument législatif, la loi 08-11, qui aggrave les sanctions pénales que ce soit pour les « séjours illégaux » ou pour l’« entrée illégale » sur le territoire national.

Elle donne, par ailleurs, au ministre de l’Intérieur, ainsi qu’aux walis, des pouvoirs étendus en matière de gestion des flux migratoires. Pour maître Noureddine Benissad, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), cette loi est en contradiction avec le droit international et la Convention de Genève que l’Algérie a ratifiés.

« La loi algérienne instaure des sanctions pénales draconiennes, rappelle l’avocat. Elle prévoit, par exemple, la mise en place de centres de rétention dans lesquels les migrants peuvent être retenus pendant 30 jours renouvelables indéfiniment. Même les personnes qui leur viendraient en aide peuvent être sanctionnées car le texte ne fait de distinction entre la lutte contre les réseaux criminels et les associations qui tentent de venir en aide aux migrants. »

En réalité la réponse des autorités nationales était destinée à satisfaire une demande des pays européens. « L’Algérie, comme la Tunisie et le Maroc ont voulu répondre favorablement, dès 2008, à la décision des pays européens de fermer leurs frontières », déclare le président de la LADDH.

En outre le traitement que réservent les médias algériens aux migrations subsahariennes a été dénoncé par le journaliste Yassine Temlali qui estime que la presse ne s’intéresse aux migrants que pour « relater des faits divers » qui les « stigmatisent » et d’interpeller le ministre de la Communication qui, au lieu de vouloir « mettre au pas la presse, devrait plutôt sanctionner les titres qui appellent à la haine dans leurs articles ».

Le journaliste a par ailleurs rappelé à ceux qui ont la mémoire courte que lors de la guerre de Libération, des Algériens avaient été pris en charge et accueillis par des pays amis et que « sans cet accueil et cette prise en charge, nous n’aurions pas obtenu notre indépendance ». -

Salim Mesbah
elwatan 20 12 2014