(Array|find{1661}|oui)

Flux migratoires "des Africains" en Algérie : Alger partagée entre enjeux sécuritaires et impératif humanitaire

L’Algérie est de plus en plus un pays d’accueil pour les migrants africains en quête d’une vie décente et de stabilité sécuritaire.

La dégradation de la situation sécuritaire et économique de plusieurs pays africains, notamment ceux du Sahel, a poussé une partie de leurs populations à fuir en Algérie. Chez nous, le débat sur cette question commence à prendre forme, mais souvent sous une approche purement sécuritaire. Il est vrai que l’Algérie ne reçoit pas encore de migrants et de réfugiés par centaines de milliers, n’empêche que la question commence à inquiéter et la société civile et le gouvernement. Ce dernier, par le biais du ministre du Travail, Mohamed El Ghazi, a déclaré, il y a quelques jours, que les migrants africains peuvent désormais avoir un certificat de résidence et un permis de travail dans le secteur des travaux publics. En revanche, la société civile s’inquiète de la manière dont le sujet est traité. A ce titre, Abdelmoumène Khelil, secrétaire général de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), a mis en garde, hier, dans une déclaration à Reporters, contre le traitement de cette question en dehors du cadre des droits de la personne humaine. « L’Algérie fait face à un flux migratoire mixte (réfugiés et migrants économiques) ; chaque catégorie est couverte par des droits qui lui sont garantis par des conventions internationales ratifiées par l’Algérie », a expliqué le SG de la ligue.
Cette ONG algérienne, qui travaille sur le sujet depuis au moins 5 ans, a acquis une certaine expertise en la matière, ce qui a fait dire à son SG que « le traitement de cette question ne doit pas se faire au détriment de la dignité humaine de ces populations ». Par ailleurs, il a fait savoir que l’institution nationale en charge de la délivrance de la carte de réfugié et des certificats des demandeurs d’asile n’est pas opérationnelle. « Bien que le pays ait ratifié la convention de 1951 sur les réfugiés et son protocole de 1967, l’absence de loi nationale sur l’asile et d’organe national opérationnel chargé de statuer sur les demandes d’asile a compliqué davantage la situation », a-t-il précisé. Pour lui, si ces personnes ne sont pas légalement reconnues, elles ne peuvent pas travailler et continueront de souffrir d’un manque d’accès aux soins et à l’éducation.Interrogé sur le texte de la question orale que le parlementaire du Front pour la justice et le développement, Lakhdar Benkhellaf, compte poser au Premier ministre concernant les dangers sécuritaires et de santé de ce flux migratoire, M. Khelil a répondu : « Il faut être vigilant et responsable lorsqu’on traite de la question migratoire. » Et d’ajouter : « La diabolisation et la stigmatisation risquent de faire le nid de l’intolérance et de la haine, qui sont des maux destructeurs pour une société. » « N’oublions jamais que les Algériens ont tellement souffert de ça ailleurs », a-t-il conclu.

In Reporters.dz

Le 16.09.2014