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Les droits et libertés en danger

L’heure est grave en Algérie ! Le pays traverse une période sombre et dangereuse marquée par la multiplication des atteintes aux droits de l’Homme et aux libertés individuelles et collectives. En choisissant de préserver à tout prix un statuquo intenable et en refusant d’entrouvrir les perspectives d’un changement démocratique désormais vital pour la préservation de la cohésion de la société, les tenants du pouvoir ont décidé d’aller vers une exacerbation de la gestion autoritaire de la société.

C’est une option qui foule au pied les engagements de l’Etat Algérien en matière de respect des droits et des libertés. Toutes les libertés sont désormais remises en cause dans le cadre de cette entreprise de restauration brutale d’un ordre périmé dont les Algériens, dans leur diversité, ne veulent plus.

Ces dernières semaines ont été marquées par une aggravation sans précédent de la répression contre des citoyens engagés dans le Hirak : journalistes, étudiants et défenseurs des droits de l’Homme en sont les principales cibles. Les tribunaux et les prisons sont utilisés comme des instruments contre l’action citoyenne et contre toute pensée critique.

Des militants des droits humains, au parcours connu et respecté, sont ainsi poursuivis pour des accusations criminelles. C’est une évolution gravissime !
Il est de notre devoir moral et politique de mettre en garde contre la gravité de l’instrumentalisation de la justice et des dérives en cours.

Il est de notre devoir de dire avec la plus grande force : Non ! Kaddour Chouicha, Djamila Loukil, Said Boudour, Kirra Mustapha et tant d’autres, ne sont pas des terroristes !

Le dernier communiqué du ministère de l’Intérieur sur les manifestations du Hirak est porteur de menaces. Par cette sommation, le pouvoir veut remettre en cause les acquis du 22 février 2019 et empêcher l’expression pacifique dans l’espace public.

Pour rappel, les manifestations ont été interdites à Alger depuis juin 2001, par un simple communiqué de presse, sans aucun fondement juridique et au mépris de la Constitution et du Pacte international des droits civils et politiques ratifié par l’Algérie qui garantissent la liberté de manifestation. Les Algériens manifestent justement depuis février 2019 pour réclamer le respect des normes alors que le régime veut maintenir par la force un état d’exception attentatoire aux droits humains.

La LADDH alerte sur la grave détérioration de la situation des droits de l’Homme et des libertés individuelles et collectives à la veille de la tenue d’un scrutin électoral contesté. Elle affirme que rien, absolument rien, ne peut justifier ces attaques frontales caractérisées contre les principes des droits de l’Homme et la confiscation des libertés.

La LADDH réaffirme que les aspirations du mouvement populaire sont légitimes : un changement démocratique pacifique pour la consécration d’un État de droit garant de la dignité, des libertés et de la justice. Ces aspirations, portées historiquement par le mouvement de libération nationale, sont conformes aux principes et aux normes qui fondent les nations libres.

La LADDH exprime sa vive inquiétude à l’égard de la réponse par la répression généralisée aux exigences formulées par le mouvement populaire dans un pacifisme exemplaire. C’est une démarche d’autant plus dangereuse que la situation socio-économique des ménages s’est fortement dégradée et que la situation financière du pays est critique. Une situation qui exige de faire valoir la raison et d’aller dans le sens des solutions pacifiques dont le Hirak, expression d’une maturation historique de la société algérienne, est l’expression.

La LADDH souligne que les droits de l’Homme sont fortement menacés. Elle exige la libération inconditionnelle et la réhabilitation totale des détenus ainsi que l’arrêt immédiat des poursuites judiciaires contre les citoyens qui revendiquent le changement démocratique et pacifique.

Alger le 11 mai 2021
Le Président
Noureddine Benissad