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3 juin 2020
l y a trois jours, la Commission Européenne a publié son premier rapport trimestriel (2020) sur les demandes d’asile au sein de l’Union européenne. Le document public fait un état des lieux de la question en dévoilant notamment les derniers chiffres sur les nationalités et les motivations des « primo-demandeurs ».
Le rapport indique que 702 Algériens ont effectué une demande d’asile depuis le 1 janvier 2020. La France a reçu le plus grand nombre de requêtes (25%), suivi par l’Allemagne (15%), l’Espagne (12%), les Pays-Bas (12%) et la Suisse (10%). En extrapolant une progression linéaire de ces chiffres, la tendance donnerait plus de 3 000 demandes d’asile émises par des Algériens d’ici fin 2020.
Ce nombre n’est pas surprenant et s’inscrit dans la continuité des données obtenues lors des trois dernières années (autour des 3 000 demandes). Depuis une décennie, le nombre de demande d’asile de la part des Algériens arrivés en Europe n’a cessé de progresser. Entre 2009 et 2017, le nombre des demandeurs d’asile a été multiplié par trois.
Mais au-delà des données disponibles, qu’est-ce qu’un « demandeur d’asile » ? Que représente-t-il ? Pourquoi autant d’Algériens tentent-ils de trouver refuge en Europe ?
Le demandeur d’asile est une personne qui souhaite être protégée contre des dangers ou des persécutions dans son pays d’origine ou de provenance. Sur le plan juridique, l’asile permet de protéger les droits de la personne afin de prévenir contre des persécutions ou des mauvais traitements. Un demandeur d’asile est une personne qui se dit réfugié(e) mais dont la demande est toujours en cours d’examen.
Demander l’asile, c’est donc chercher refuge pour éviter un danger, une menace, des persécutions et des violations. Sur le plan administratif, l’asile est une demande formelle d’une personne formelle pour devenir réfugié. Il incombe aux systèmes d’asile nationaux de décider quels demandeurs d’asile peuvent effectivement prétendre à une protection internationale.
Ce que le nombre de 3 000 demandes d’asile reflète, c’est le malaise d’une jeunesse algérienne qui se sont étouffés dans son agir et ses rêves par un régime autoritaire qui déploie une énergie monumentale pour briser les exigences de liberté, de justice et de dignité et renier la diversité et la richesse de la société.
Les lois scélérates et les pratiques policières du régime briment les libertés religieuses, culturelles, sociales et politiques des Algériens. Or, le respect des libertés individuelles et collectives est un fondement non-négociable de l’État de droit. Ces libertés sont les pilotis sur lesquels se construisent des rapports vertueux entre gouvernants et gouvernés, entre citoyens et un régime. Plus la nature de cette relation est perverse, plus les premiers fuiront le second…plus ils chercheront une protection ailleurs.
Le durcissement de la répression qui n’a cessé d’augmenter avec la pandémie du Covid-19 consolident cette tendance. Un régime qui fait fuir sa jeunesse de son pays est un régime qui n’a plus raison d’exister car il a tout simplement failli à sa mission première : gouverner pour le bien commun.
La lente agonie de ce régime ne s’achève toujours pas. Le pouvoir réel, la haute hiérarchie militaire, ne veut pas marquer une rupture politique avec le monde de l’avant 22 février. Elle ne souhaite pas ouvrir une nouvelle page de l’histoire politique du pays, mais au contraire, tente de casser le mouvement populaire par la barbouzerie, la violence juridique et le tout sécuritaire.
Mais les jeunes qui composent les rangs du Hirak sont bien conscients de ces défis. Ils se sont levés contre le régime au nom et pour la liberté, et afin qu’aucun citoyen ne soit forcé à prendre le chemin de l’exil.
3 juin 2020
* Raouf Farrah est un chercheur et militants des droits humains algérien