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Rapport LADDH 2018 : Les droits Humains à l’épreuve de l’impasse politique

La LADDH publie sont rapport annuel sur la situation des droits humains en Algérie. Ce rapport intitulé « Les droits Humains à l’épreuve de l’impasse politique » contextualise les nombreuses atteintes aux libertés collectives et individuelles qu’a connu l’année 2018, en mettant l’accent sur le caractère systématique et systémique de l’arbitraire et de la répression.

Introduction

La situation des droits humains en Algérie durant l’année 2018 a connu une régression totale et alarmante. Tous les secteurs de la vie publique ont été touchés par des pratiques et des événements qui remettaient gravement en cause les droits et libertés fondamentaux des citoyens algériens. Que ce soit les interdictions des manifestations publiques et des réunions, les libertés associatives, le droit syndical, la liberté de conscience et le droit au culte, la peine capitale, les violences faites aux femmes, et les entraves à la liberté d’expression et les poursuites contre des défenseurs des droits humains, sont tous des sujets sur lesquels des inquiétudes se sont exprimées, des alertes lancées et des actions de dénonciation menées. L’année se termine par un épisode d’arrestation et d’emprisonnement, de journalistes, de blogueurs et d’autres utilisateurs des réseaux sociaux sans précédent, mettant à mal le principe de la présomption d’innocence et celui de l’indépendance de la justice.

Répression des médecins internes, janvier 2018


Cette réalité est venue contraster avec les démarches institutionnelles entreprises par les autorités publiques durant ces trois dernières années dans le but, apparent, de redorer l’image d’un Etat déjà épinglé par les ONG internationales et les mécanismes des Nations Unies relatifs aux droits de l’Homme. C’est ainsi que la révision de la Constitution de 2016 , qui a apporté sur le plan normatif certains éléments positifs en faveur de la promotion et la protection des droits de l’Homme, notamment dans son chapitre relatif aux droits et libertés , avait comme perspective la présentation de l’Algérie devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies pour son Examen Périodique Universel (EPU) , une année plus tard, et devant le Comité des droits de l’Homme deux année après , juillet 2018.

Conférence de presse de la LADDH, 10 décembre 2018

Aussi, l’analyse des actes de violation des droits de l’Homme et des atteintes aux libertés collectives et individuelles de ces dernières années, nous montre que ce qui détermine le niveau du respect des droits de l’Homme en Algérie, n’est pas le niveau de son engagement aux standards internationaux qui sont contenus dans les deux Pactes internationaux et les autres Conventions des droits de l’Homme, que l’Etat a ratifié, ni même sa loi cadre qui est la Constitution, mais bel et bien une pratique administrative, d’une administration conçue comme instrument du pouvoir politique et non comme outil de gouvernance. A partir de là, l’approche des droits de l’Homme des autorités est une approche totalitariste et sécuritaire. Elle ne prévoit et accepte de marges que si celles-ci ne permettent pas à la société de s’organiser, de se structurer, de renforcer les forces existantes, mais affaiblies ou de produire de nouvelles énergies, de nouvelles dynamiques, qui participent à la représentation sociale ou politique. Aussi, les évolutions ne sont pas pensées ni même permises.
Le cadre juridique adopté après la levée formelle de l’état d’urgence en 2011 , proclamé au nom de réformes politiques profondes, et annoncées par le président de la république, Abdelaziz Bouteflika dans son discours du 15 avril de la même année, est un cadre qui traduit cette approche. La loi 121/06, relative à la liberté d’association, en est la parfaite illustration.

Par ailleurs, la gestion de la question migratoire, qu’elle soit celle des Algériens qui quittent par milliers les côtes du pays vers l’Europe à travers la mer Méditerranée au péril de leurs vies, ou celle de ces milliers de personnes migrantes qui arrivent en Algérie par voies terrestres en traversant le désert à la recherche de refuge ou simplement d’opportunités économiques pour une vie meilleure ; obéit, elle aussi, à la logique de la gestion administrative et sécuritaire qui exclut la remise en cause et refuse les évolutions du fait sociale.

Aussi, à travers ce rapport, la LADDH considère que la situation catastrophique des droits de l’Homme, est le reflet d’un système politique qui refuse de mettre en œuvre les principes auxquels a souscrit l’Etat algérien dans le cadre de la Charte des droits de l’Homme. En se donnant ainsi les moyens répressifs et pour permettre aux forces dominantes de se maintenir dans leur domination, et empêcher la société de s’organiser d’une manière pacifique et ordonnée pour défendre les intérêts et les aspirations de ses différents segments. Ce rapport se focalisera aussi, sur les initiatives de la société civile qui résiste et milite en faveur des libertés, toutes les libertés et refuse de se laisser emporter par l’immobiliste et le statu-quo.

Lire le rapport :
http://www.droits-laddh.org/IMG/pdf/rapport-laddh-2018.pdf