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Répression et résistance.Les défenseurs des droits humains au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

le Rapport d’Amnesty International sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme dans les pays du Moyen-Orien et de l’ Afrique du Nord.

Introduction

La plupart des gouvernements du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord font preuve d’hostilité envers les défenseurs des droits humains. Des lois nationales sont adoptées et des mesures répressives sont prises pour les réduire au silence, les sanctionner en raison leurs activités et les intimider.
Plutôt que de souligner le rôle fondamental que ces courageux militants jouent dans la promotion et la défense des droits humains universels – civils, politiques, économiques, sociaux et culturels – les autorités les qualifient de « subversifs », « traîtres », « fauteurs de troubles » et les accusent de « collaborer avec des étrangers ». Cette attitude a des conséquences tragiques pour les défenseurs des droits humains ; elle empêche de manière générale la population de la région de jouir de ses droits fondamentaux.
L’existence même des défenseurs des droits humains et de leurs activités repose sur l’exercice de droits, notamment des droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion. Toutefois, dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, ces droits sont restreints, voire complètement niés. De ce fait, dans toute la région, les militants sont victimes de violations des droits qu’ils s’efforcent de défendre.
Des organisations de défense des droits humains créées dans la région pour promouvoir la liberté d’association, entre autres droits fondamentaux, font l’objet de descentes de police et sont fermées par les autorités. Leurs membres sont menacés et poursuivis en justice. En outre, des militants et des journalistes qui s’efforcent de porter à la connaissance du public les atteintes aux droits humains sont victimes de toute une série de mesures visant à les empêcher d’exercer leur droit à la liberté d’expression. Les avocats qui tentent de faire respecter le droit de leurs clients de n’être ni torturés ni détenus arbitrairement et de bénéficier d’une assistance juridique et d’un procès équitable font souvent eux-mêmes l’objet d’un traitement comparable.
Les personnes qui manifestent pacifiquement pour réclamer un meilleur respect des droits des femmes, des ouvriers et des minorités risquent d’être arrêtées, incarcérées, battues, voire assassinées par les forces de sécurité simplement pour avoir exercé leur droit à la liberté de réunion.

Toutefois, cela n’empêche pas les défenseurs des droits humains de braver ces dangers et de continuer à se battre partout au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, même dans les pays en proie à un violent conflit ou à la répression. En dépit de toutes les vicissitudes et de tous les obstacles auxquels ils sont confrontés, ils continuent d’avoir une influence considérable et contribuent à susciter des changements indispensables. Leur engagement en faveur des droits humains universels et leurs actions pour la défense de ces droits, dont certaines sont exposées dans le présent rapport, sont une puissante source d’inspiration et prouve à l’évidence qu’il est urgent d’intervenir pour faire respecter leurs droits.
C’est ainsi que Hana Abdi, une jeune Kurde qui milite pour les droits des femmes en Iran, est incarcérée du seul fait de son action en faveur des droits humains. Kamal al Labwani, militant en faveur de la démocratie, devra rester enfermé dans une prison syrienne jusqu’en 2023 uniquement pour avoir exprimé ses opinions. Fathi el Jahmi, détracteur du gouvernement, est interné dans un hôpital psychiatrique en Libye en dépit d’un examen médical qui contredisait une décision de justice selon laquelle il souffrait de troubles mentaux. Louisa Saker a été condamnée à verser une forte amende pour avoir participé à une manifestation réclamant la vérité et la justice pour les familles des milliers de personnes disparues après leur arrestation dans les années 1990 en Algérie. Matrouk el Faleh, universitaire et défenseur des droits humains, est de nouveau emprisonné en Arabie Saoudite pour avoir rédigé un article dans lequel il dénonçait les persécutions dont sont victimes d’autres défenseurs des droits humains. Taiba al Mawali, défenseure des droits humains dans le sultanat d’Oman, a passé six mois en prison pour avoir diffusé des informations par téléphone et sur Internet à propos d’un procès inéquitable. Saleh Kamrani, avocat et défenseur des droits de la minorité azérie en Iran, a été enlevé sur son lieu de travail et emprisonné, puis empêché d’exercer sa profession d’avocat. Il a été interpellé à plusieurs reprises. Musaad Suliman Hassan, romancier et défenseur des droits des Bédouins en Égypte, est maintenu en détention bien qu’un tribunal ait ordonné à plusieurs reprises sa remise en liberté.

En publiant le présent rapport, Amnesty International souhaite attirer l’attention sur le courage dont font preuve ces militants des droits humains et de nombreux autres militants au Moyen Orient et en Afrique du Nord, en dépit de la répression dont ils sont victimes ; l’organisation veut également leur exprimer son soutien et les encourager dans leur action en faveur de la protection et de la promotion de ces droits.
_ À partir de nombreux cas individuels, ce document montre comment des droits, essentiels pour ces militants et garantis par les traités internationaux relatifs aux droits humains ainsi que par la plupart des constitutions et des législations nationales, sont niés ou restreints par d’autres textes législatifs, notamment les lois d’exception et les lois antiterroristes.

Après avoir examiné la série de violations dont sont victimes les défenseurs des droits humains, ce rapport se penche sur certaines catégories de militants qui sont tout particulièrement pris pour cible : les journalistes et les membres des professions juridiques, les militants des droits des femmes, les syndicalistes et les personnes qui défendent les droits des minorités culturelles et religieuses.
Ce document aborde également la situation désastreuse des défenseurs des droits humains dans le cadre des conflits armés, en examinant le cas de l’Irak ainsi que celui d’Israël et des territoires palestiniens occupés. Il se termine par une série de recommandations adressées aux gouvernements ainsi qu’aux acteurs nationaux, régionaux et internationaux en vue de protéger les défenseurs des droits humains et de promouvoir leur action.

vous trouverez le rapport en pièce jointe.