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Benissad Nourredine, avocat au barreau d’Alger : « Le projet de loi du ministre de la Justice est liberticide »

Des avocats en colère. Des centaines de robes noires ont observé mercredi 22 juin à Alger une journée de protestation pour récuser le projet de loi présenté par le ministre de la Justice relatif à l’organisation de la profession d’avocats. Benissad Nourredine, membre du conseil de l’ordre des avocats de la région d’Alger, explique pourquoi les avocats ne veulent pas de ce texte jugé « liberticide ». Entretien.

DNA : Les avocats s’organisent depuis quelques jours pour protester contre le projet de loi relatif à l’organisation de leur profession. Que propose cette loi qui met la corporation des avocats en colère ?

Benissad Nourredine : Ce projet de loi liberticide. Il y a une volonté à travers ce texte de porter atteinte aux droits de la défense et de l’indépendance du barreau vis à vis du pouvoir exécutif. Nous avons recensé 42 articles où le terme ministre ainsi que 7 articles où le terme ministère sont utilisés et qui ont de véritables interférences depuis l’admission jusqu’aux conditions d’exercice de la profession d’avocat alors que la profession d’avocat est censée être une profession libérale et indépendante. Certaines dispositions sont une épée de Damoclès sur la tète de l’avocat qui attentent à la libre plaidoirie et à la liberté d’expression.

Pourquoi les avocats rejettent-ils ce projet de texte ?

Les avocats rejettent ce projet de loi globalement et dans le détail car il est en contradiction avec les dispositions de la constitution algérienne qui garantissent les droits de la défense. Il n’est pas conforme aux conventions internationales sur les droits de l’homme ratifiées par l’Algérie. Il est le contraire des recommandations de la commission nationale de la réforme de la justice qui préconisent l’indépendance du barreau, le renforcement des droits de la défense et leurs promotions.

Que proposent les avocats du barreau ?

Les avocats proposent que le projet de loi soit tout simplement conforme à tous ces principes énumérés ci-dessus car l’indépendance du barreau est une condition nécessaire d’une justice démocratique et un barreau libre et plus fort constitue le garant d’une vraie paix sociale. L’avocat doit être libre, non pour devenir un instrument d’oppression, mais au contraire afin de porter secours à tout être humain opprimé. Il doit être libre parce que la défense et la liberté ne font qu’un. Or qui dit liberté de la défense dit liberté de la parole car nous ne sommes comme le dit Aimé Césaire que « la voix des hommes sans voix ».

Mercredi 22 juin vous avez organisez une première journée de protestation. Comptez-vous maintenir la mobilisation ? Quelles sont les actions que vous envisagez à l’avenir pour exiger le retrait de ce texte ?

La journée de protestation a été un fort moment de mobilisation de la corporation à travers toutes les juridictions de la cour d’Alger avec un service minimum assuré par des cellules de permanence pour préserver les droits des justiciables. Un sit in a été observé au niveau de la cour pour faire connaitre nos revendications. Le bâtonnier d’Alger a tenu une conférence de presse juste après le sit in pour expliquer la démarche. Un appel pour l’élargissement de la mobilisation à tous les barreaux d’Algérie est lancé. Le conseil de l’ordre des avocats d’Alger se réunira demain pour faire un point sur cette journée de protestation et arrêter d’autres actions.

DNA - Dernières nouvelles d’Algérie
_le 22-06-2011