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1er mars 2011
s étaient des milliers d’étudiants, accompagnés de leurs enseignants, hier matin, à Béjaïa, à avoir marché du campus d’Aboudaou jusqu’à la placette faisant face au siège de la wilaya soit un parcours de plus de cinq kilomètres scandant des slogans contre la gestion « opaque » de l’université et revendiquant à tue-tête une gestion démocratique de l’université. Tout au long de ce parcours qui est un axe principal du fait qu’il relie la wilaya de Béjaïa à celle de Sétif, la circulation automobile était bloquée deux heures durant. En matière d’organisation, les étudiants ont su démontrer un savoir-faire qui n’a rien à envier aux partis politiques. Des carrés au milieu desquels apparaissaient des pancartes et des banderoles sur lesquelles sont inscrites leurs revendications. Face au commissariat central, les marcheurs ont fait une halte donnant quelques sueurs froides aux passants qui craignaient un dérapage. Ce ne fut pas le cas, ces milliers de jeunes scandaient devant le commissariat un mot d’ordre dans le but apparent de prouver leur maturité : « Nous sommes pacifiques », tenaient à crier les manifestants face à des policiers surpris par l’ampleur de la manifestation. Les comités initiateurs de l’action d’hier ont rendu public une déclaration à travers laquelle ils exigent une gestion démocratique de l’université, la tenue des états généraux pour l’évaluation des deux systèmes, un moratoire sur les différentes réformes universitaires, le refus d’une quelconque dépendance au secteur économique ainsi que la reconnaissance du Comité pédagogique élu par les étudiants. L’accès au master sans conditions, la réalisation au plus vite d’un CHU au profit des étudiants de la faculté de médecine et la création des écoles doctorales au niveau de chaque département sont les points soulevés par la coordination des étudiants de l’Université Abderahmane-Mira de Béjaïa sans omettre le point lié au libre accès et gratuit à l’école de l’enseignement intensif des langues. Quant au collectif des enseignants installé le 22 février passé, celui-ci considère à travers sa déclaration que l’abrogation du décret 10-315 du 13 décembre 2010 est une victoire de la mobilisation des étudiants, rejetant au passage que ladite abrogation soit le fait d’une quelconque tentative d’apaisement circonstancielle. Il doute néanmoins que l’éventuelle promulgation d’un texte similaire relevant du même esprit n’est pas à écarter. Ce collectif d’enseignants, appuie dans sa déclaration les points soulevés par leurs étudiants notamment ceux relatifs à la reconnaissance des comités pédagogiques élus par les étudiants, le refus de l’indépendance de l’université au secteur économique tout en exigeant la tenue des états généraux du secteur de l’enseignement supérieur seul cadre selon ces enseignants qui saura élaborer une évaluation sur les deux systèmes, classiques et LMD (Licence- masterdoctorat), lequel est décrié par tous et ce depuis son instauration. Un autre point exigé par les enseignants est celui relatif à l’élection des responsables de l’université. Un point qui garantirait selon eux, une véritable gestion démocratique de l’université pour la simple raison que ces responsables une fois élus, seront tenus de rendre compte non pas à l’administration et par ricochet à leur tutelle qu’est le ministère de l’Enseignement supérieur mais plutôt à leurs électeurs composés de représentants des étudiants et des enseignants. « Actuellement l’université est gérée d’une manière opaque et anti démocratique seule l’élection des responsables mettra fin à cette opacité et instaurera un système démocratique à l’intérieur de l’université », nous a expliqué en marge de la manif d’hier Karim Natouri enseignant de droit à l’Université de Béjaïa présent aux côtés de ses étudiants lors de l’immense marche d’hier. Notons enfin qu’une prise de parole a eu lieu à la fin de cette marche par les représentants des différents comités et autres représentants des enseignants qui ont tour à tour réitéré les revendications émises dans leurs déclarations respectives.
Boubekeur Amrani
le Courrier d’Algérie le 01-03-2011
Note : le Bureau de la LADDH de la Wilaya de Bejaia a apporté son soutien à cette manifestation et aux revendications des étudiants.