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Législatives, politique et droits de l’Homme:Entretien avec Noureddine Benissad, nouveau président de la Laddh

Me Noureddine Benissad vient d’être élu à la tête de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (Laddh), en remplacement de Me Mostefa Bouchachi, candidat FFS aux législatives du 10 mai. Dans cette interview, le nouveau président s’engage à défendre « à tout prix » l’indépendance de la Laddh par rapport au pouvoir politique mais aussi aux partis.

Quels sont les principaux points de votre programme ?

Je n’ai pas de programme personnel. La Laddh a adopté la Charte universelle des droits de l’Homme et en a toujours fait son programme. Elle s’est engagée à défendre les droits civiques, politiques, économiques, sociaux et culturels de l’individu. La Laddh a toujours fait des droits politiques son fer de lance. Nous avons mis l’accent sur les droits civiques et politiques compte tenu de la situation de l’Algérie dans un contexte marqué par le printemps arabe. Nous allons peut‑être faire un effort en ce qui concerne les droits économiques et sociaux pour équilibrer les choses. Mais les droits de l’Homme sont indivisibles et universels. On mènera donc la lutte sur tous les fronts.

Les détracteurs de la Ligue lui reprochent souvent ses accointances avec le Front des forces socialistes (FFS)…

Nous avons des militants structurés et d’autres qui sont apolitiques. Le dénominateur commun, entre eux, est leur engagement à défendre les droits de l’Homme indépendamment de leur appartenance politique. On demande aux militants de mettre leurs convictions partisanes de côté et de s’impliquer uniquement dans le combat des droits de l’Homme. Ça a été une éthique pour moi. Quand on défend les droits de l’Homme, on ne demande pas au gens de quel parti, couleur ou race ils sont. Ils estiment aussi que la crédibilité de l’organisation a été sérieusement entamée après son implication directe dans la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD).

Qu’en pensez‑vous ?

L’important, aujourd’hui, est de corriger les erreurs et de se projeter dans l’avenir. Et pour ce qui de l’avenir, je tiendrai à préserver l’indépendance de la ligue.

La Laddh ne sera donc plus partie prenante dans une initiative politique ?
La Ligue ne sera pas partie prenante ! Quand il y aura des initiatives politiques pacifiques, nous les soutiendrons sur le principe de la liberté de manifester, de s’exprimer et de constituer des associations. Nous serons intransigeants là‑dessus. Mais je me suis engagé sur une chose : la préservation de l’indépendance de la ligue à tout prix. Nous sommes au‑dessus des partis et en dehors des mécanismes de l’État et du pouvoir politique.

Comment se positionnera la ligue par rapport aux élections législatives ?

On ne prendra pas de position. C’est‑à‑dire qu’on ne dira pas aux gens d’aller voter ou de boycotter. On défendra, cependant, le droit d’expression des uns et des autres. Pour nous, ce qui est important est le débat d’idées autour de certains points, dont les libertés individuelles et collectives, l’indépendance de la justice, la séparation des pouvoirs, l’alternance et la répartition équitable de la richesse nationale. On a toujours appelé à des élections libres. Mais ce qui nous intéresse encore plus est l’après‑élection. On a lancé un projet : le monitoring des médias. Il s’agit d’une étude qu’on va réaliser avec de jeunes journalistes sur la façon dont les médias traitent les élections et la campagne électorale.

tsa 16-04-2012