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RÉFORMES POLITIQUES Les conditions ne sont pas réunies

Annoncées, les réformes politiques ne peuvent avancer en l’absence de conditions et d’implication volontaire de tous les acteurs politiques.
Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) -

A l’initiative de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), une conférence- débat a eu lieu vendredi soir à l’hôtel Essafir, à Alger, en présence du politologue Mohamed Hennad et du sociologue et chercheur universitaire Nacer Djabi. Thème de cette conférence, la problématique des réformes en Algérie. Annoncées, ces réformes semblent néanmoins incertaines, inabouties selon l’expertise développée. Des réformes « octroyées » mais non négociées et qui « avancent dans l’obscurité », selon le Dr Hennad qui note l’inversion de l’ordre des priorités (révision de l’arsenal législatif organique avant la révision de la Constitution et non le contraire), un processus de consultations non crédible, l’absence de confiance. Comme ce politique relève une pression sociétale diffuse et revendicative mais non contraignante, un régime conscient d’être illégitime mais amorphe (l’état de santé du président en cause) et réfractaire à passer le flambeau, des partis politiques qui « ont échoué ».

De son côté, le sociologue Nacer Djabi relève que la vie politique en Algérie est encadrée par trois générations politiques. Première génération, celle du Mouvement national et de la guerre de Libération, d’origine rurale, très politisée et qui dirige et décide. La seconde génération, celle postindépendance, d’origine citadine, formée de technocrates et de « scribes », sans initiative politique. Quant à la troisième génération, il s’agit, selon ce sociologue des Algériens post-1980, de la période des « échecs », urbaine et des quartiers populaires et déshérités, très réfractaire. Or, la transition intergénérationnelle semble incertaine, dans l’impasse comme l’affirme Nacer Djabi selon lequel deux scénarios sont possibles. Le premier scénario porte sur une transition « pacifique » entre la première et la seconde génération même s’il ne s’agit que d’une « réforme » et non de rupture.
Toutefois, ce scénario « positif » nécessite une certaine forme d’« intelligence », des concessions de part et d’autre et le respect du timing. Quant au second scénario, la transition entre la première et la troisième génération, le sociologue semble pessimiste dans la mesure où le risque d’une confrontation violente est possible. Quel scénario possible ? La question reste posée, sans réponse. Certes, l’aisance financière actuelle garantit une certaine stabilité sociale, la « corruption » des mouvements revendicatifs (prends et tais-toi !!!) et les Algériens développent davantage de sagacité. Néanmoins, la capacité du régime politique à se transformer, l’individualisme des couches moyennes, déconnectées et peu soucieuses d’un pacte ainsi que les intérêts corporatifs impacteront certainement sur cette transition annoncée. En somme, les réformes politiques annoncées semblent inabouties dans la mesure où les conditions idoines ne sont pas réunies et que tous les acteurs ne jouent pas leur rôle.