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Mehri : les forces du changement doivent se rencontrer autour d’un projet

L’ancien secrétaire général du fln, Abdelhamid Mehri ne perçoit pas une volonté du pouvoir d’aller vers un changement de régime qu’il considère comme vital pour l’avenir d’un pays. Il estime que les forces du changement ne doivent pas attendre pour se rencontrer, sans exclusive, autour d’un projet.

Invité, hier, dans le cadre des rencontres« Milles et News » a souligné que le système de pouvoir en vigueur était dans l’incapacité de relever les graves défis qui se posent à la société algérienne. La qualité des hommes qui le composent est totalement secondaire par rapport à l’impotence structurelle du régime. « Changer un président ou tel ou tel responsable ne changera rien » a-t-il souligné, hier, dans le cadre des débats des « Milles et News » organisé par le journal Algérie News. « Dans 30 à 35 ans, des algériens d’aujourd’hui vont vivre dans une Algérie sans pétrole ou en tout cas avec des ressources hydrocarbures beaucoup plus réduites. Et cela fait cinquante ans que tous les responsables parlent de créer une économie indépendante du pétrole. Aujourd’hui, on en est au même point. Le régime est incapable de lancer une politique économique qui prenne le relais ». C’est, a-t-il dit « l’un des grands défis du pays qui rend le changement de système politique impérieux et vital. Il a observé que la politique économique du pays a changé à au moins trois reprises au cours de la dernière décennie alors que l’objectif de créer une économie indépendante des hydrocarbures relève d’une politique stratégique du long terme. Pour l’ancien secrétaire général du FLN, il est indéniable que cette incapacité à créer une économie diversifiée est inhérente à la nature même d’un système qui agit par le haut, à coups de mesures administratives opaques sans écouter les acteurs de la société.

Contre la théocratie et contre l’exclusion

M.Abdelhamid Mehri a estimé par ailleurs que les appels au changement limitée aux personnes ou bien qui se fondent sur une exclusion – celle des islamistes – relèvent parfaitement de la logique du système. « On doit très clairement exprimer notre refus de la théocratie et de la violence mais cela ne doit pas nous amener à dénier la qualité de citoyen aux islamistes avec qui ont diverge ». L’exclusion, l’autoritarisme, l’absence de reddition de comptes sont des traits du régime et appeler au changement en le reproduisant est une démarche vaine. Sur la teneur du changement de régime qui doit être consensuel pour permettre une mobilisation de l’ensemble des forces politiques, Abdelhamid Mehri considère que le but proclamé par la déclaration du 1er novembre d’un « Etat démocratique et social dans le cadre des principes islamiques » reste de mise. Il a observé qu’Al Azhar a organisé des débats et élaboré une sorte de charte qui reprend pratiquement mot à mot cet objectif de la révolution algérienne. « Nous avons une expérience historique riche qui n’a pas été investie pour l’intérêt de la société algérienne ». La grande histoire de la révolution est celle d’un mouvement général de la société vers la liberté et la justice alors que l’on essaye de la réduire à des histoires d’individus et d’ambitions. Il a refusé d’imputer à une génération, celle de Novembre, l’impasse dans laquelle se retrouve le pays. « C’est une question de système de pouvoir. Tous les moudjahidines ne se sont pas retrouvés au pouvoir, certains même ont été dans l’opposition ». Mehri insiste sur cet aspect. « Le système a ses règles de fonctionnement : injonctions d’en haut, absence de débat, la non-responsabilité de ceux qui prennent des décisions capitales parfois, l’anonymat… ». C’est ce qui rend le débat politique général sur le changement de régime impérieux et c’est ce qui ne le rend pas réductible à des changements de textes.

Désertification du champ politique

Tout en soulignant que la demande de changement est générale, M.Mehri constate que le régime a réussi à « désertifier le champ politique ». Ce qui fait dans beaucoup de domaine cette demande s’exprime par la colère et non par la politique. M.Mehri estime que les forces qui appellent au changement doivent se rencontrer et avoir un projet. Il a invité les différentes catégories sociales (Journalistes, économistes, universitaires, étudiants…) à ne pas attendre un signal du régime et à s’engager dans les débats pour le changement en Algérie. Interrogé sur les divisions actuelles au sein du FLN, M.Mehri a estimé qu’il s’agit de divergences de personnes. « Le vrai enjeu pour le FLN est de reprendre son indépendance et de cesser d’être un instrument du pouvoir. Ceux qui ne font rien dans ce sens donne en fait des arguments à ceux qui demandent à mettre le FLN dans un musée ». Pour Abdelhamid Mehri, le FLN tenu par l’objectif d’une démocratie sociale prônée par la proclamation de novembre. La vocation du FLN est de « défendre la démocratie, les droits de l’homme, la justice sociale et non de servir ou de se diluer dans un programme qui n’est pas le sien ».

In Maghreb Emergent
Salim Rabia 19 Août 2011