(Array|find{321}|oui)

revue de presse troisième Congrès

Le 3e Congrès de la LAADH tenu malgré son interdiction

C’est dans des conditions pour le moins difficiles qu’ont débuté hier les travaux du troisième congrès de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH).

Il faut signaler d’entrée que les assises de ce congrès dont le slogan est « Agissons ensemble pour la levée de l’état d’urgence » ont failli être sérieusement compromises après que les autorités eurent notifié à la dernière minute, à la direction de la Ligue, l’interdiction de ce conclave, au nom de…l’état d’urgence. « Nous avons déposé une demande auprès de la wilaya d’Alger le 24 février et voilà que mercredi soir, à 20h10, on nous signifie que le congrès n’était pas autorisé », indique le président sortant de la LADDH, Me Mostefa Bouchachi. Initialement prévu à la Mutuelle de la construction de Zéralda (Alger-Est), le congrès s’est finalement tenu sous les auspices de la Maison des syndicats autonomes à Bachdjarrah.

Sur les murs, des affiches donnent le ton : « Malgré l’interdiction, nous continuerons d’exister. » Parmi les invités, notons la présence de Karim Tabbou, premier secrétaire du FFS, de Hassan Ferhati de SOS Disparus, de diplomates occidentaux en poste à Alger, dont le représentant de l’Union européenne, ainsi que de quelques ONG internationales. La matinée a été marquée notamment par les interventions de Me Mostefa Bouchachi et de Me Ali Yahia Abdennour, président d’honneur de la LADDH.

Me Bouchachi s’est illustré par une véritable plaidoirie contre le régime algérien et ses « atteintes massives » aux droits humains. « L’arrêt du processus électoral en 1992 a donné lieu à de très graves atteintes aux droits de l’homme, entre exécutions extrajudiciaires, disparitions forcées et usage systématique de la torture », dénonce-t-il, avant d’ajouter : « Nous notons aujourd’hui une régression inquiétante des libertés au nom justement de l’état d’urgence qui continue à tenailler la société civile. » Prenant le relais, Me Ali Yahia Abdennour dira : « Le pouvoir algérien n’a pas compris que l’Algérie de 2010 n’est pas celle de 1962. Il faut que tout le monde comprenne que le peuple algérien a évolué et qu’il veut la souveraineté. Que l’Algérien ne veut plus être traité comme un sujet mais comme un citoyen ! » Et de marteler : « Jamais la LADDH ne se pliera ! Elle ne sera mise au pas ni par le ministre de l’intérieur, ni par le Premier ministre, ni par le président de la République ! » De son côté, le premier secrétaire du FFS a tenu à apporter le soutien de son parti aux congressistes. Les travaux du 3e congrès de la LADDH se clôtureront aujourd’hui par l’élection du président de la Ligue.

Par Mustapha Benfodil

in elwatan du 26-03-2010

Le 3e congrès de la LADDH s’est poursuivi hier sans autorisation

Quand les droits de l’homme bravent l’état d’urgence

Les assises du 3e congrès de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme se sont poursuivies hier à la Maison des syndicats.

Le congrès, qui a commencé ses travaux jeudi dernier, devait se clôturer hier soir par l’adoption des statuts de la Ligue, l’élection d’un nouveau conseil national pour finir avec l’élection du président de la LADDH. Il faut souligner que ce troisième congrès a été marqué par quelques péripéties organisationnelles, et pour cause : à la toute dernière minute, la wilaya d’Alger a notifié aux organisateurs la non-autorisation (pour ne pas dire l’interdiction) du congrès. Malgré cela, les délégués issus de 34 wilayas ont fait le déplacement. Les congressistes, qui devaient se réunir à la Mutuelle de la construction, à Zéralda, se rabattront in extremis sur la Maison des syndicats, une salle située dans un petit immeuble à Bachdjarrah, et qui devient décidément un espace hautement citoyen que les militants associatifs, syndicaux et autres sollicitent de plus en plus, faute d’espaces d’expression.

Des policiers en civil et même des agents tunisiens

Bien sûr, la question qui turlupinait tous les journalistes qui ont couvert le congrès était : ce changement de domiciliation mettait-il la Ligue à l’abri d’une intervention policière pour en empêcher les travaux ? « Nous avons juste reçu la visite de quelques policiers en civil, mais nous avons su les gérer », a indiqué Me Aïssa Rahmoune, porte-parole du congrès. Fait cocasse : Me Rahmoune nous apprend dans la foulée que deux « flics » tunisiens se sont invités discrètement, sans doute pour « superviser » l’intervention de représentants d’ONG tunisiennes qui ont pris part à cet important rendez-vous. « Dites à Mme Sihem Bensedrine que nous l’avons évidemment invitée, mais les autorités ont empêché sa venue », a lancé le président du bureau du congrès, le docteur Kamel Daoud (ne pas confondre avec le célèbre chroniqueur) à l’adresse d’un invité tunisien. On l’aura deviné : l’ambiance est bon enfant malgré ces couacs « bureaucratico-policiers », malgré l’enjeu, malgré la « guéguerre » qui oppose la Ligue à son ex-président, Me Hocine Zehouane. Et surtout : malgré Zerhouni. D’ailleurs, Me Ali Yahia Abdenour chargera avec véhémence le très impopulaire ministre de l’Intérieur qu’il qualifie de « machine de guerre » dans une contribution qu’il nous a remise. « Le refus est incompréhensible, inacceptable, intolérable. Il y a dérapage du ministre de l’Intérieur sur la question des libertés et des droits de l’homme. La méthode inquisitoire qui place la LADDH dans son collimateur est une intrusion dans la vie associative pour l’instrumentaliser et la mettre sous tutelle », écrit-il (lire en page 2 la contribution de Me Ali Yahia dans son intégralité). Sur les murs sont placardées des affiches qui donnent le ton : « Malgré l’interdiction, nous continuerons d’exister. » Me Rahmoune qualifie la situation de « semi-clandestinité ». La notification de la wilaya d’Alger survint la veille du congrès, « à 20h10 », précise Me Bouchachi, « alors que nous avons déposé la demande depuis un mois ». Une manière de mettre les congressistes devant le fait accompli. « Mais heureusement que nous avions prévu un plan B », se félicite Aïssa Rahmoune.

« Mon fils a l’âge de l’état d’urgence »

11h. La salle de la Maison des syndicats autonomes est archicomble. Les invités de la LADDH arrivent les uns après les autres : Karim Tabbou, premier secrétaire du FFS, l’ambassadeur d’Espagne et représentant de l’Union européenne, Gabriel Busquets, une représentante de l’ambassade des Etats-Unis, sans oublier les émissaires de certaines ONG internationales (la FIDH, le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme, ou encore la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme). Notons également la présence de Hassan Ferhati de SOS Disparus arborant un portrait de son frère Mustapha enlevé à Kouba en 1998. Il est accompagné de familles de disparus brandissant elles aussi des portraits de leurs enfants, victimes de disparitions forcées. La cérémonie d’ouverture verra défiler le micro entre plusieurs intervenants. Me Bouchachi ouvre le bal. « Mon fils a aujourd’hui dix-huit ans. Il est né sous l’état d’urgence et il ne connaît que l’état d’urgence », attaque l’imposant avocat dans un arabe délicieux. Son plaidoyer contre l’état d’urgence fait ouvertement écho au slogan officiel de ce 3e congrès : « Agissons ensemble pour la levée de l’état d’urgence ».

Dans la foulée, il dresse un réquisitoire sans concessions contre le régime et ses « dérives totalitaires » (voir encadré). Le très charismatique Me Ali Yahia Abdennour lui emboîte le pas. Avec sa modestie habituelle, il se présente comme un vieux briscard du combat pour les droits humains. Sa harangue alterne colère, tendresse et ironie. Comme en témoignent ces mots truculents qu’il eut à l’endroit des femmes. Exhortant la direction de la Ligue à intégrer plus de femmes dans ses instances, il a cette féroce métaphore : « La vie, c’est comme un avion. Il lui faut deux ailes pour voler. Mais chez nous, les hommes ont tous les pouvoirs. Notre pays est un avion avec une seule aile. Il ne pourra jamais décoller. » Me Ali Yahia Abdennour aura droit à une standing ovation digne de sa stature et de son aura. Suivront quelques mots de soutien et de solidarité prononcés par les différents invités, avant que le président du bureau, Dr Kamel Daoud, ne lève cette première séance. Le 3e congrès est officiellement étrenné. Il est sur les rails et les dés sont jetés. Pour achever de camper le décor, quatre commissions de travail sont installées. La suite du programme sera dédiée à des conférences en rapport avec le sujet : « Pour un Maghreb des droits de l’homme », « La levée de l’état d’urgence, une urgence nationale » ou encore « Les droits économiques, sociaux et culturels en débat ». La journée d’hier a été plus « technique » et devait être couronnée donc par l’élection du président de la LADDH. La Ligue algérienne de défense des droits de l’homme a été créée, rappelle-t-on, en 1985 et fut officiellement agréée en 1989. Elle compte aujourd’hui environ 2200 adhérents.

Ils ont dit

Me Mostefa Bouchachi (président de la LADDH) :
Après l’arrêt du processus électoral, l’Algérie a connu ce qu’il plaît à certains d’appeler ‘la décennie noire’ ou la ‘décennie rouge’. 200 000 victimes ont fait les frais de l’arrêt du processus démocratique. Il y a eu de très graves atteintes aux droits de l’homme, avec des exécutions extrajudiciaires, des milliers de disparus et de personnes torturées. A partir de 1999-2000, force est de reconnaître que la pratique de la torture et les disparitions forcées ont sensiblement diminué, quoi que la torture est toujours pratiquée. Il ne reste que la rue, en définitive, comme espace d’expression non structuré, ce qui pourrait conduire à une explosion populaire qui ne servira ni la démocratie ni les droits de l’homme. Le régime ne veut pas laisser la possibilité aux Algériens de lutter d’une façon pacifique. »

Karim Tabbou (premier secrétaire du FFS) :
« Ce pouvoir a réussi à organiser une métastase maffieuse. Il faut, dès lors, opérer une reconstitution cellulaire. Nous nous joignons au combat noble et légitime qu’est celui de la LADDH. Le FFS s’est toujours engagé dans la cause des droits de l’homme. Nos deux combats se confondent. Il y a des complots ourdis pour vous détruire et vous normaliser. A cela, nous disons : ça suffit ! Que ces gens-là sachent que nos valeurs sont inoxydables. Le pouvoir se découvre dans toute sa faiblesse. Sachez chers camarades que le FFS vous soutient dans tout ce que vous allez entreprendre. »

Hassan Ferhati (SOS Disparus) :« L’Etat reconnaît qu’il y a 7200 disparus. Farouk Ksentini a recensé 14 853 disparus. Il vient de déclarer qu’il faut tourner la page. Une femme a 5 enfants disparus et on lui dit tournez la page ? C’est indécent ! Nous, nous avons des dossiers ficelés avec nom et prénom des agents impliqués. Et on vient nous parler argent. On ne veut pas de leur argent. Nous, ce qu’on veut, c’est la vérité ! »

Gabriel Busquets (ambassadeur d’Espagne et représentant de l’Union européenne) :« L’Union européenne prête beaucoup d’attention à la question des droits de l’homme en Algérie. Elle porte un intérêt spécial au travail que font la LADDH et d’autres ONG dans le domaine des droits de l’homme. »

Amine Mohamed Abbou (Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie) :« Nous, en Tunisie, nous n’avons pas connu la guerre civile, la violence, les attentats et les tueries. Cependant, les militants des droits de l’homme en Tunisie vivent sous une étroite surveillance policière. Si bien que la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme ne parvient toujours pas à tenir son congrès, contrairement à vous qui, malgré toutes les pressions, êtes arrivés à le faire. Bravo ! »

Par Mustapha Benfodilin elwatan du 27-03-20010

La LADDH dresse un bilan noir de la situation des droits de l’homme en Algérie

A l’issue de son 3ème congrès qui s’est tenu les 25 et 26 mars dernier, la LADDH publie un bilan très négatif de la situation des droits de l’homme en 2009 en Algérie. La Ligue attribue au maintien de l’état d’urgence depuis 1992, l’origine principale des manquements du pays dans le domaine des libertés et « l’obstacle majeur à la promotion des droits de l’homme, à la mobilisation de la société civile et au succès des réformes démocratiques ».
« Après 18 ans de normalisation dans une atmosphère de violence et de crise économique et sociale, une chape de plomb continue de couvrir les droits de l’homme dans notre pays, malgré une façade démocratique qui ne trompe que les innocents » dénonce la LADDH dans son bilan. L’état d’urgence donne tous les pouvoirs en matière de liberté au ministère de l’Intérieur, ajoute-t-elle. « aucune distribution de tract à la population, aucune manifestation publique, aucune manifestation de tracts à la population aucune manifestation publique, aucune manifestation de rue (en dehors des bains de foule du Président de la République) », argumente la Ligue qui rappelle ses actions pour militer en faveur de la levée de l’état d’urgence.

La LADDH dénonce également la non résolution de la quesiton des disparitions forcées et la volonté du gouvernement « d’enterrer » ce dossier. « La lutte contre l’impunité, le droit à la vérité (par une commission d’enquête indépendante) et l’indemnisation qui sont normalement complémentaires restent sujet à marchandage avec un pouvoir qui persiste à absoudre des criminels au sein des Institutions de l’Etat », accuse la Ligue, qui dénonce, comme d’autres ONG internationales, l’existence de prisons secrètes et la répression des familles de disparus qui manifestent régulièrement pour obtenir des réponses.
C’est en définitive la mise en application de la Charte de la réconciliation nationale qui pose problème pour la LADDH. Plusieurs faits comme les massacres collectifs, les viols ou les attentats dans les lieux publics ne devraient pas donner lieu à l’impunité de leurs auteurs mais « il est de notoriété publique que de nombreux auteurs de tels crimes ont rejoint leur foyer sans être inquiétés par la justice », s’indigne la Ligue.
La justice algérienne de manière générale est d’ailleurs est d’ailleurs pointée du doigt par la LADDH. « Les cours de justice et tribunaux ne sont pas des lieux où la justice est rendue, mais des instances politiques où le pouvoir politique juge ses adversaires », assène-t-elle.
Au chapitre des libertés, la Ligue dénonce « un fort sentiment de recul, voire de négation, de la liberté d’expression ». En cause : l’état d’urgence toujours, la pénalisation des délits de presse, la loi sur l’information du 3 avril 1990 - « un code pénal bis » selon elle. Cela se traduit par une « autocensure » des journalistes, la censure de plusieurs livres notamment dans le cadre du Salon international du livre 2009, mais aussi par des « restrictions » de la couverture des médias internationaux sur les questions de sécurité et de terrorisme. Même l’Internet n’échappe pas aux inquiétudes de la LADDH. Si son accès est « généralement libre », la ligue relève la surveillance des mails, des forums de discussion. Au final, « le citoyen est asphysixié et la LADDH revendique avec force l’ouverture des médias publics ».

La Ligue dénonce également « une régression continue et un étouffement paralysant » des libertés d’associations et de réunion. Elle note les entraves aux créations de partis politiques et d’associations, à la tenue de réunions d’associations et de manifestations, la repression des grèves.
Enfin, la LADDH consacre une grande part de son rapport à l’analyse de la vie politique algérienne, notamment au déroulement et à la couverture médiatique de l’élection présidentielle qui s’est tenue en avril 2009.
Elle note que durant cette campagne électorale, « la présence de Bouteflika (dans les médias, ndlr) égale à elle seule l’ensemble de tous les autres candidats réunis » et un traitement toujours « positif » de cette campagne, notamment en ce qui concerne le candidat Bouteflika dans les médias publics, sans laisser la place aux moindres critiques. Ainsi, les forces politiques ou courants abstentionnistes n’ont occupé que 3,23% de l’espace médiatique consacré à l’élection présidentielle. « Le peu des superficies qu’on leur a consacrées, spécialement dans les médias de l’information étatiques, n’ont existées que pour des fins manipulatrices par la diffusion de discours assimilant ces acteurs à des traîtres et à des mécréants », analyse la LADDH.

Au final, La ligue juge que « dans les conditions politiques actuelles, les élections ne peuvent pas être libres. Leur organisation est exclusivement entre les mains de l’Administration avec les apparences de commissions électorales inefficaces. A ce jour aucune contestation des résultats électoraux n’a eu des suites légales annulant un résultat ». « Protégé par les dispositions de l’état d’urgence, le pouvoir gère le pluralisme à sa guise », affirme la LADDH qui voit dans cette gestion l’impossiblité d’une alternance, seule garantie de la démocratie.

Hakim Arous

Tous sur l’Algérie
31-03-2010

Réélu sans surprise à la tête de la LADDH :
Bouchachi promet un mécanisme de lutte contre la corruption

Déposer plainte chaque fois que de graves détournements sont commis et qu’ils ne sont pas suivis d’une enquête judiciaire.

C’est sans surprise que Me Mostefa Bouchachi a été réélu ce vendredi à la tête de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH). C’est l’une des principales résolutions du troisième congrès de la ligue qui vient de se tenir à la Maison des syndicats les 25 et 26 mars. « Maître Bouchachi a été élu à l’unanimité », a annoncé le docteur Kamel Daoud, président du congrès, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue hier au siège de la Ligue, rue Didouche Mourad, en présence de Me Mostefa Bouchachi et de Me Aïssa Rahmoune, porte-parole du Congrès. Selon les statuts de la LADDH, c’est au Conseil national qu’il appartient d’élire le président de la ligue. Et ledit conseil, composé de 56 membres, s’est prononcé donc à l’unisson en faveur du président sortant, en clôture des travaux de ce 3e congrès.

Maître Bouchachi a tenu à apporter une précision de taille en affirmant que « le congrès n’a pas fait l’objet d’une interdiction. Les autorités n’ont pas interdit le congrès mais une réunion publique ». Toujours est-il que l’administration a refusé de délivrer une autorisation à la LADDH pour tenir son congrès, comme prévu, à la mutuelle de la construction, à Zéralda. Maître Bouchachi confie à ce propos : « J’ai même écrit une lettre à M. Zerhouni dans laquelle je me suis évertué à le sensibiliser sur l’importance de cet événement en faisant valoir le fait que la ligue s’apprêtait à recevoir des invités prestigieux, des représentants de pays étrangers ainsi que des ONG internationales, et qu’il serait un honneur, pas seulement pour la LADDH, mais avant tout, pour l’Algérie, de tenir un tel congrès. »
Une exhortation qui n’a manifestement pas trouvé écho en haut lieu, ce qui fera dire au président de la LADDH : « Quand l’année prochaine seront établis les rapports internationaux sur la situation des droits de l’homme en Algérie, ce n’est pas la LADDH qui sera mise à l’index, mais les autorités algériennes. Quand le ministre des AE ira à New York et à Genève pour dire que l’Algérie respecte les droits de l’homme, ils lui rappelleront que les pouvoirs publics n’ont pas autorisé la LADDH à se réunir à Zéralda. » Cette situation ubuesque où le congrès de la ligue n’est ni interdit ni autorisé, posera-t-elle un problème en termes de « validation » ? « La balle est dans la camp de l’administration », tranche Kamel Daoud, avant d’ajouter : « Nous, nous sommes une organisation légale et notre congrès ne s’est pas tenu dans la clandestinité comme certains l’ont écrit. Nous n’avons pas porté atteinte à l’ordre public, ni appelé à la violence. Nous sommes dans la légalité démocratique. »

Aïssa Rahmoune renchérit : « Nous allons déposer notre dossier pour validation. Nous sommes avant tout des légalistes dans nos actions. » Sur les motifs invoqués par la wilaya d’Alger pour ne pas délivrer d’autorisation, Kamel Daoud dira : « C’est toujours ainsi : ils n’expliquent jamais rien. Mais personnellement, je suppose que c’est une décision qui s’appuie sur l’état d’urgence. » Interrogé à propos de sa feuille de route pour ce nouveau mandat, Me Bouchachi indiquera que l’une de ses priorités absolues sera d’œuvrer pour la levée de l’état d’urgence. « C’est une initiative que nous sommes en train de mettre en œuvre dans le cadre de la coalition nationale pour la levée de l’état d’urgence, en association avec des partis politiques et des organisations de la société civile. » Maître Bouchachi s’est engagé également à s’impliquer davantage dans la défense des droits économiques et sociaux des Algériens.

Autre chantier brûlant : la lutte contre la corruption. « Nous réfléchissons à la mise en place d’un mécanisme de lutte contre la corruption qui permet de déposer plainte chaque fois que de graves détournements sont commis et qu’ils ne sont pas suivis d’une enquête judiciaire. » Enfin, Me Bouchachi a souligné qu’il poursuivra avec vigueur la campagne de la LADDH en faveur de l’abolition de la peine de mort.

Par Mustapha Benfodil

in Elwatan du 28-03-2010

La LADDH accuse Zerhouni et répond à Ksentini

Le troisième Congrès de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) s’est déroulé jeudi dernier, et ce, malgré « les inattendus et l’attendu ».

Prévu initialement à la Mutuelle de construction de Zeralda, le congrès a été déplacé par les membres de LADDH vers la Maison des syndicats à El-Harrach, et ce, après le refus de la wilaya d’Alger de l’autoriser. Pourtant, disent les organisateurs de ce congrès, la demande d’autorisation a été déposée le 24 février dernier, et la réponse négative n’a été donnée que la veille de la tenue du congrès, aux environs de 20h10.

Les membres de la ligue ont pu tout de même tenir leurs assisses nationales en présence de 105 congressistes, de l’ambassadeur d’Espagne en Algérie et représentant de l’Union européenne, les représentants de l’ambassade du Canada, des Etats-Unis, de France ainsi que des militants des droits de l’Homme tunisiens et le représentant du réseau euro-méditerranéen pour les droits de l’Homme. Maître Mustapha Bouchachi, président de LADDH a dénoncé cette interdiction « non justifiée décidée par un régime totalitaire qui veut étouffer toute voix discordante ».

Maître Ali Yahia Abdenour, président d’honneur de la Ligue a pointé du doigt le ministre de l’Intérieur. « En tentant d’empêcher le tenue de ce congrès, Yazid Zerhouni agit comme un consul romain d’il y a 22 siècles », a-t-il lancé en précisant « que notre pouvoir n’a pas encore compris que l’Algérie de 2010 n’est pas l’Algérie de 1962, ou celle des années 80 et des années 90 ». Il poursuit « il faut que tout le monde comprenne que le peuple algérien a évolué, l’Algérien veut être traité comme un citoyen et non pas comme un sujet ». Le représentant de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme a condamné « l’attitude inadmissible des autorités algériennes ». Celui du Conseil national des libertés et de la protection des droits de l’Homme tunisien dira, pour sa part, « qu’en Tunisie les choses sont plus complexes ». Il ajoute que si la ligue algérienne a pu tenir son congrès dans des conditions difficiles, la ligue et le conseil des droits de l’Homme en Tunisie n’ont pu avoir cette chance. « On se bat depuis 10 ans pour la tenue de notre congrès, mais on n’arrive pas », a–t-il dit en précisant que les membres de la ligue et du conseil n’ont même pas le droit d’accéder à leurs bureaux, qui sont encerclés par la police tunisienne 24h/24. Et d’affirmer que les plus tenaces parmi les Tunisiens contre les intimidations et les pressions policières, sont appelés « Algériens ». Le porte-parole de la Ligue algérienne des droits de l’Homme, Aissa Rahmoune, a affirmé que deux agents tunisiens en civil se sont déplacés à la Maison des syndicats pour suivre les travaux des assises nationales, mais ils ont quitté les lieux après le refus des organisateurs du congrès de les autoriser à assister. Condamnant à l’unanimité l’interdiction de la tenue du congrès « sans motifs », les congressistes et certains invités ont abordé quelques « points noirs qui ne font pas l’honneur d’un pays qui a sacrifié un million et demi de martyrs pour son indépendance ».

Mustapha Bouchachi a réclamé au nom des défenseurs des droits de l’Homme, la levée de l’Etat d’urgence en Algérie, affirmant qu’il n’a pas sa raison d’être », d’autant que les choses se sont beaucoup améliorées du point de vue sécuritaire. En de s’interroger sur les raisons du maintien de cette mesure ? « On ne peut pas tourner la page sans connaitre la vérité » Mustapha Bouchachi a évoqué en outre « la torture exercée encore dans les prisons et dans les commissariats de police ». Bouchachi a affirmé que « la torture est beaucoup moins pratiquée par rapport aux années précédentes et par rapport aux années sanglantes, mais elle existe encore ». Il poursuit, « du moment que l’Algérie a ratifié de nombreux traités et conventions contre la torture et autres peines, traitement inhumains ou dégradants, elle est obligée de bannir à jamais ces pratiques ». Revenant sur l’interruption du processus électoral et « les violations des droits de l’Homme », il dira qu’aucun pays ni en Afrique, ni en Asie, n’a enregistré autant de morts (200 000 morts) après un arrêt de processus électorale ». Tout en reconnaissant qu’il n’y a plus d’exécutions extrajudiciaires, et de disparitions forcées, Bouchachi affirme que le pouvoir en place doit régler des dossiers épineux comme celui des disparus « resté en suspens ». Tout en rendant hommage aux familles de ces derniers, il a affirmé que sans vérité sur le sort des victimes, personne ne pourra « tourner la page ». Et Ali Yahia Abdenour d’enchaîner « sans vérité et justice personne ne peut tourner la page ». Ali ajoute que le pouvoir algérien a mis la paix avant la justice, alors qu’il fallait commencer par la justice pour asseoir une paix « durable ». Des représentants de familles de disparus, présents au congrès, ont qualifié les dernières déclarations de Farouk Kesentini selon lesquelles « il est impossible de connaître la vérité en raison de l’absence des fichiers des disparus » de contradictoires. « Il n’y a pas longtemps, il avait affirmé que la gendarmerie a un fichier de 7.000 disparus », ont-ils déclaré. Et d’ajouter « nous avons remis au service concerné 24 dossiers ficelés avec tous les détails, mais sans réponse. Ils nous demandent de tourner la page ». Ils poursuivent « on ne peut tourner la page sans connaître la vérité ». Les travaux du congrès se sont poursuivis hier, tard dans la soirée, avec des débats sur notamment le droit économique et social et sa relation avec les droits de l’Homme, développement et stratégie de LADDH, et l’adoption d’un statut et règlement intérieur. Une conférence de presse sera animée aujourd’hui samedi par la LADDH.

par M. Aziza, Le Quotidien d’Oran, 27 mars 2010

Selon le président de la LADDH : Une « coalition » pour la levée de l’état d’urgence

Mustapha Bouchachi a été réélu à l’unanimité par les congressistes ayant participé aux assises nationales de la Ligue algérienne de la Défense des droits de l’Homme (LADDH), les 25 et le 26 mars derniers. Le président reconduit à la tête de la LADDH a animé hier, une conférence de presse, au siège de la ligue à Alger, au cours de laquelle, il a exposé la feuille de route de la ligue pour la défense de « la dignité du citoyen algérien », pour les années à venir. Bouchachi a précisé que la ligue compte organiser une coalition nationale pour la levée de l’état d’urgence et la récupération des droits civils et politiques des Algériens. Notons que l’état d’urgence a déjà 18 ans d’existence. Mustapha Bouchachi a indiqué que la ligue va, désormais, se pencher sur d’autres dossiers, notamment sur le droit économique et social des Algériens. « Le citoyen algérien est mal payé, des médecins et des universitaires ne sont pas payés à leur juste valeur », a-t-il affirmé en précisant « qu’une secrétaire dans une entreprise nationale est mieux payée qu’un médecin ». Et d’ajouter : « des jeunes sont sans ressources et sans travail ».

Le président de LADDH a considéré en outre, que la corruption est une violation pure et simple des droits sociaux économiques des Algériens. « La ligue doit créer des mécanismes lui permettant de déposer plainte contre les corrupteurs intouchables au cas où elle détient des preuves et des dossiers de corruption », a précisé le conférencier. Enfin, Mustapha Bouchachi est revenu sur le dossier des disparus en précisant que la ligue soutiendra les familles des disparus, en affirmant qu’elle est à la disposition de ces familles afin de les aider dans leur lutte contre l’impunité et le droit à la vérité. En ce qui concerne les circonstances qui ont entouré la tenue du congrès, Mustapha Bouchachi a précisé que le ministère de l’Intérieur n’a pas interdit la tenue du congrès mais il a « précisément interdit une réunion publique ». Interrogé sur les raisons du refus des autorités de délivrer l’autorisation aux congressistes, les membres de LADDH se disent qu’ils n’ont pas de réponse en précisant « qu’il s’agit peut-être de l’état d’urgence qui interdit toutes marches ou réunions publiques dans la capitale ».

par M. Aziza, Le Quotidien d’Oran, 28 mars 2010